Exposition d’estampes et des dessins de la pré-Renaissance au Musée du Louvre
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LE QUATTROCENTO DES ESTAMPES
par Romaric Gergorin
Le Louvre présente « de Finiguerra à Botticelli, les premiers ateliers italiens de la Renaissance » soit une sélection dans la collection d’Edmond de Rothschild qui acquit à la fin du XIXe siècle un ensemble étonnant d’albums et de carnets de dessins d’artistes italiens. Une plongée directe dans le merveilleux du quattrocento, ou tout est grâce et volupté dans une légèreté bienvenue aujourd’hui.
Voir des dessins de la Renaissance présente à coup sûr un attrait constamment renouvelé, tant cette pratique a évolué depuis vers la représentation comme finalité. Du Moyen âge jusqu’au XIXe siècle, le dessin était une étape préliminaire, avec toute la dimension poétique que confère le transitoire. On peut le vérifier avec la collection d’Edmond de Rothschild exposée ici au Louvres, qui présente un des plus grands ensembles d’incunables de la Renaissance italienne, autour de dessins, d’estampes et de nielles issus d’ateliers aussi incontournables que celui de Baccio Baldini, ou venant de la main même de Botticelli.
Edmond de Rothschild put réunir deux livres de modèles du quattrocento, où sur un siècle plusieurs artistes différents apportaient leur contribution dans un même ouvrage. Un livre d’études d’animaux, contemporain de Fra Angelico, en est ici un superbe exemple. Rarement exposés, des reproductions de nielles permettent d’apprécier la finesse d’exécution de ce modèle d’impression, technique d’orfèvrerie qui précède l’estampe en utilisant le transfert d’émail noir sur papier de métal pour imprimer le prototype. À travers ces nielles, estampes et dessins, on peut voir la montée en puissance du papier — et donc du dessin — comme matériau de reproduction au milieu du XVe siècle ; avant son usage était limité par sa rareté et son prix élevé, avec la Renaissance le développement de sa fabrication le rend incontournable.
Et que dessinent donc Baccio Baldini, Francesco Rosselli, Maso Finiguerra, Agnolo Gaddi, et tous les maîtres anonymes de cette époque défricheuse des arts graphiques ? Beaucoup d’escaliers, des vues d’édifices, des cours intérieures avec des paons et des faucons attaquant un canard, beaucoup de sujets comme cela, en apparence oiseux ou anachroniques, alors qu’ils recèlent une très belle simplicité, d’une épure très touchante dans la représentation sans ostentation, d’une science des aménagements du vide architecturale. Cet art préparatoire, de recherche ou de recension de motifs, souvent préliminaire au tableau quand il n’est pas destiné à la reproduction, possède toute la souplesse de la recherche graphique, de l’étude comme fixation momentanée d’une beauté des formes, saisie sans l’emphase de la peinture, en jouant des nuances de l’estompe du dessin.
On appréciera particulièrement le copiste d’Altichiero et son architectonie très gracieuse où l’animalier croise l’architecture dans des coloris très fins dans leurs gammes. Les nielles et épreuves de Maso Finiguerra, notamment un Jésus au mont des Oliviers assez édifiant, surprennent aussi par leur expressivité purement graphique.
Ce parcours de dessins du quattrocento apporte ainsi un regard différent sur ces artistes qui furent aussi des artisans et des orfèvres, toujours à la recherche de nouveaux moyens pour exprimer une vérité humaine poétisée par des images.
Catalogue : Les premiers ateliers italiens de la Renaissance. De Finiguerra à Botticelli, avec des textes de Catherine Loisel et de Pascal Torres, coédition musée du Louvre Editions / Le Passage, collection Essais Beaux-Arts, 121 ill., 260 pages, 28 €
De Finiguerra à Botticelli – les premiers ateliers italiens de la Renaissance
Jusqu’au 3 octobre 2011
Musée du Louvre, cours Napoléon
Tél. : 01 40 20 53 17
Ouvert de 9h à 18h, nocturne le mercredi et le vendredi jusqu’à 22h
Entrée : 10 €
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